Le film Roma d’Alfonso Cuarón [Mexique, 2018] est un film profondément autobiographique. Comme il est indiqué dans l’article et l’interview du site Indiewire (le site de reférence américain sur le cinéma indépendant) “Contrairement à ses autres oeuvres, Roma s’appuie sur les propres souvenirs du réalisateur, grandissant dans les années 60 et 70 dans la ville de Mexico “ (article à découvrir ici, texte en anglais).
Cuarón a déclaré que c’était le film qu’il avait en tête depuis le début de sa carrière cinématographique .”90% des scènes du film sont tirées de ma mémoire” comme il le dit dans la même interview. Il a voulu filmer son enfance dans une ville qui changeait.
Pour cela Cuarón est retourné au Mexique et il a tout filmé là-bas ; Quand les lieux n’existaient plus il les a reconstruit exactement comme ils se présentaient dans sa mémoire. Il dit encore : “Les personnages existant dans la vie réelle. Ce sont des personnes que j’aime profondément. J’ai dû faire un voyage au travers de mes souvenirs, dans le labyrinthe de ma mémoire et aussi j’ai eu des conversations avec des personnes qui étaient là, qui ont vécu ces événements avec moi. »
La caméra suit doucement les scènes de la vie privée d’une famille de la haute bourgeoise mexicaine dans le quartier appelé “Roma”. La photographie est un chef-d’oeuvre de délicatesse et de précision : le noir et blanc renvoie aux photos de Robert Doisneau ou d’Henri Cartier-Bresson mais aussi au cinéma des années soixante-dix qui, d’ailleurs, sont justement les années représentées dans le film.
On regarde ce qui se passe à travers les yeux doux de Cléo, la bonne amérindienne qui travaille auprès de la famille. Sa destinée d’abandon et de solitude ressemble à celle de sa patronne, elle aussi quittée par le mari et laissée seule avec ses trois enfants. Les deux femmes vivent sous le même toit et, même si leurs classes sociales et leurs espaces de vie sont très éloignés, on a l’impression que leurs parcours existentiels ne sont pas si différents.
Il faut prendre le temps de s’asseoir, de regarder ce film et, avec lui, de plonger dans un rêve d’enfance qui n’est pas naïf mais qui est semblable à celui de beaucoup d’autres enfants. Surgit une mélancolie pour un temps qui ne reviendra que dans les souvenirs quand ils sont filmés par une caméra d’artiste.
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Ce texte nous a été envoyé par une amie vivant aux Etats-Unis. Le film n’est malheureusement pas distribué en salle en France. On ne peut le voir que sur la plate-forme Netflix.)
par De Luca Guisy