Notre Journée de l’Autobiographie 2017 a eu lieu le 24 Juin à Paris.
Habituellement c’est pour un week-end entier qu’adhérents et amis de l’APA se retrouvent au mois de mai ou juin pour nos traditionnelles Journées. Cette année les conditions étaient particulières : les perturbations liées au déménagement de notre fonds et de nos bureaux ne nous ont pas permis d’organiser des Journées complètes, d’autant plus qu’elles étaient prévues à Ambérieu. Mais notre rencontre parisienne a en partie pallié à cette absence en offrant à la petite centaine de participants l’occasion d’assister à deux très intéressantes présentations :
Le matin nous avons découvert le magistral Dictionnaire de l’Autobiographie ; Écriture de soi en langue française qui vient de paraître aux Editions Honoré Champion (845 pages, 457 articles, 192 collaborateurs). Loin d’être un simple recueil d’auteurs, il fait le tour des genres qui constituent l’écriture de soi, aborde de multiples notions, fait le point sur des siècles d’écriture comme sur quarante ans de réflexion théorique. Françoise Simonet-Tenant, qui a conçu le projet et en a dirigé l’exécution, et Véronique Montémont, membre du comité éditorial, ont présenté à deux voix le projet et les étapes de sa réalisation : genèse du projet, détermination de la nomenclature, choix éditoriaux, recherche des auteurs, organisation des navettes entre ceux-ci et le comité éditorial pour arriver à une mouture définitive et équilibrée des textes. Ce « making of », qui montrait de façon concrète le travail nécessaire à une production véritablement collaborative afin que le dictionnaire ne soit pas la simple juxtaposition de contributions d’auteurs, était passionnant.
Quarante ans après Le Pacte autobiographique, l’ouvrage montre que, si les lignes entre les genres se sont déplacées, si de nombreuses formes hybrides ont fait leur apparition, il reste néanmoins une distinction fondamentale entre ce qui relève de la démarche autobiographique, avec l’horizon d’attente particulier qu’il crée pour le lecteur, et ce qui n’en relève pas;
L’après-midi était consacrée à une présentation de textes autobiographiques autour de l’Indochine : Claudine Krishnan a d’abord présenté une sélection de documents présents dans notre fonds, montrant ainsi sa richesse et sa variété.
Martine Bossshardt et Micheline Fargues ont ensuite présenté les récits autobiographiques recueillis sur trois générations de leur famille, les Bouvier. Appuyée sur des lectures de textes, leur intervention a donné des aperçus de milieux variés de l’Indochine française, tant coloniaux qu’indigènes, entre la fin du 19 eme siècle et l’avant seconde guerre mondiale.
a ensuite évoqué la vie d’une famille d’enseignants français à Saïgon dans les années les plus périlleuses de la guerre du Vietnam, entre 1972 et 1975, telle qu’elle apparait au travers des correspondances et récit qu’elle et son époux ont réuni dans Lettres et récits de Birmanie et du Vietnam.
Enfin Tranh Nguyet Anh a présenté son ouvrage Clair de lune : d’un ciel à l’autre : itinéraire d’une Vietnamienne, parti d’une collaboration avec Alain Gagnieux qui recueillait les témoignages de personnes immigrées dans le Doubs où elle vivait. Elle a montré comment elle a su s’emparer ensuite elle-même des outils de l’écriture pour aboutir à d’autres ouvrages dans lesquels elle mêle souvenirs et réflexions avec la claire volonté de contribuer à la transmission de sa culture d’origine à ses enfants et petits-enfants.
Nous avons été heureux de pouvoir organiser cette rencontre dans ce lieu passionnant, même s’il n’est que provisoire, qu’est l’espace des Grands Voisins. Dans l’attente de la réalisation d’un nouveau quartier, la vaste friche urbaine de l’ancien Hôpital Saint-Vincent de Paul a été dévolue, depuis septembre 2015, à des structures associatives qui en ont fait une sorte de fabrique urbaine solidaire associant hébergement de publics en difficulté, associations et entreprises d’insertion, lieux festifs et culturels.
Le caractère parfois brouillon de l’organisation de la structure a donné lieu à quelques petits désagréments et retards mais le repas qui a été servi aux participants, préparé par l’association d’insertion Food de Rue, était copieux et délicieux. Il a permis aux participants de profiter dans la cour mise à notre disposition, d’un de ces moments de convivialité qui sont une des marques de nos Journées de l’Autobiographie.
Enfin, pour être complet, signalons que notre équipe Midi-Pyrénées organisait le même jour, au centre cultuel Bonnefoy à Toulouse, une lecture publique de Correspondances, certaines issues du fonds de l’APA et d’autres provenant de correspondances publiées, renforçant ainsi le caractère national de notre Journée 2017.