En complément du compte-rendu général des Journées 2019 sur les Transmissions, on trouvera ici deux témoignages de participants appartenant à des associations sœurs de l’APA en Allemagne et en Belgique.
Rainer Glaser et Jutta Jäger-Schenk du Deutsches Tagebucharchiv d’Emmendingen Voir le site du Deutsches Tagebucharchiv
Après un voyage rapide et confortable en TGV, nous sommes arrivés à la Résidence internationale où nous étions hébergés et où se tenaient les Journées. L’accueil a été chaleureux. Nous avons bien aimé le petit parc devant l’hôtel avec quelques bancs à l’ombre qui offraient l’occasion de discuter avec les autres participants.
Nous attendions un long discours théorique d’ouverture et avons été agréablement surpris par une courte introduction cohérente expliquant le thème des journées « transmission » par Philippe Lejeune. À partir de là nous sommes passés directement aux exemples concrets avec deux documentaires qui illustraient ce que signifie le terme « transmission » en montrant les manifestations caractéristiques selon les générations, les cultures, les couches sociales et d’autres domaines de la vie humaine.
Rainer Glaser a participé à l’atelier S4 du samedi matin qui traitait de l’importance de la transmission en se référant à un objet personnel. Il y avait longtemps qu’on ne lui avait pas demandé de rédiger un texte aussi intime. Pas étonnant si les résultats de l’atelier ont déclenché des émotions spécifiques chez les auteurs et les auditeurs. Jutta Jäger-Schenk de son côté a fait ce même jour des expériences intéressantes à la visite du Musée de l’Histoire de l’Immigration.
Une méthode différente de transmission a été illustrée par la visite du cimetière Père-Lachaise le dimanche matin. Les textes déclamés à chaque tombeau illustraient l’acte créateur au niveau culturel, social et littéraire.
Le documentaire Carré 35 du samedi soir offrait encore un autre regard sur la transmission dans les familles, comment ça marche ou comment c’est évité ou même empêché : un film passionnant et captivant.
En résumé nous dirons que nous avons pu observer des méthodes différentes de travail entre le DTA et l’APA : le DTA par exemple a pour priorité le traitement et la préparation des dépôts pour la recherche scientifique, la transcription des textes (écriture cursive Kurrent), la lecture du document suivie d’une feuille de saisie (12 pages) pour la base de données sur navigateur Internet qui à son tour est la base pour le catalogue en ligne. Nous tentons de connaître autant de détails que possible sur l’auteur.
Merci pour toutes ces nouvelles expériences que nous avons pu faire au cours de ces journées de l’autobiographie 2019.

 

Francine Meurice, APA-AML, Bruxelles (Actualités du patrimoine autobiographiques aux Archives et musée de la littérature) Voir le site de l’APA-AML
En arrivant à Paris pour assister aux Journées de l’autobiographie 2019 consacrées aux Transmissions, rencontre annuelle avec nos amis français, devenue un rituel pour notre petit cénacle d’apaïstes belges, j’avais une réflexion en tête, glanée au colloque international sur L’actualité de Rosa Luxemburg, dialogue entre politique et histoire, qui a eu lieu à Bruxelles, en avril dernier. Au sujet de la transmission ! Pour garder la mémoire des choses, il faut qu’existent des formats de mémorisation : des commémorations, des anniversaires, des musées, des monuments, des colloques et j’ajoutai immédiatement, l’APA. Transmettre et garder le souvenir nécessite un dispositif de mémorisation et le Patrimoine de l’autobiographie en est un, à l’évidence.
Bien auparavant, en consultant le programme des Journées lors d’une réunion de notre groupe de lecture APA-AML, nous avions été étonnés de l’abondance des ateliers d’écriture cette année. Nous ne les aimons pas quand ils sont en lien avec l’autobiographie, aussi nous nous sommes inscrits aux deux ateliers externalisés. Un musée et un cimetière, et donc belle coïncidence : deux formats de mémorisation.
La visite de la Galerie des dons au Musée de l’Histoire de l’Immigration où chaque vitrine évoque la vie d’un migrant, à travers des objets de son histoire personnelle, nationalité par nationalité, est une relecture concrète de la manière de construire la mémoire, en renommant les musées notamment. Sur les marches de ce beau Palais Art Déco de la Porte Dorée, José Dosogne, qui a le même âge que lui, se souvenait qu’il avait été construit pour l’Exposition coloniale internationale de 1931.
Michel Baur nous a conduits, pour une randonnée de 6 km, lors de la première journée de canicule, dans les allées ombragées du Père Lachaise. Bien plus qu’une visite des autobiographies lapidaires, ce fut comme de pousser la porte de la maison d’anciens amis : Héloïse et Abélard, Nerval, Colette, Proust et les autres. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à la perte de tout un dispositif de mémorisation dans nos coutumes actuelles de ne plus offrir de sépulture à nos morts. En marchant pour rejoindre le cimetière, Michel nous a fait traverser les petites rues villageoises du quartier de Charonne, un îlot préservé, une découverte. Paris était exotique ce dimanche 2 juin, pour démentir ma première impression à l’arrivée à la Résidence de la rue Lumière, de trouver bizarre d’être à Paris pour les Journées. Philippe Lejeune m’avait répondu : « c’est moins exotique ! ».
Au retour de la balade, nous avons retrouvé notre amie Élisabeth Cépède, arrivée entre temps et nous nous sommes redit le plaisir et la joie de se revoir ainsi chaque année dans cette ambiance si caractéristique dans sa convivialité des Journées de l’APA. Elle a regretté, comme nous, que Louis Vannieuwenborgh, qu’elle connaît depuis longtemps, ne nous ait pas accompagnés.
Des deux Tables rondes, primordiales, car elles font le point sur « l’état des recherches » actuelles des apaïstes, je retiendrai surtout l’intervention de Vincent de Gaulejac qui a fait subir une torsion à mon idée-fixe de format de mémorisation, en montrant comme un comportement familial appris dans un contexte social donné peut produire un comportement familial hérité, totalement incongru et aberrant dans le nouveau contexte social. Nous attendons la publication de son prochain livre : Quand le passé ne passe pas


mardi 6 août 2019, par Francine Meurice, Jutta Jager-Schenk, Rainer Glaser