L’APA s’intéresse vivement aux actualités de l’autobiographie dans tous les domaines. Et en particulier aux nouvelles parutions : récits autobiographiques, journaux personnels, correspondances, mais aussi toutes les études et essais relatifs à ce genre d’écritures de soi.
La rubrique « Nous avons lu » reflète cet intérêt en présentant des notes de lecture portant sur des parutions récentes, rédigées par des membres de l’APA.
Roma
Le film Roma d’Alfonso Cuarón [Mexique, 2018] est un film profondément autobiographique. Comme il est indiqué dans l’article et l’interview du site Indiewire (le site de reférence américain sur le cinéma indépendant) “Contrairement à ses autres oeuvres, Roma s’appuie sur les propres souvenirs du réalisateur, grandissant dans les années 60 et 70 dans la ville de Mexico “ (article à découvrir ici, texte en anglais)
Cuarón a déclaré que c’était le film qu’il avait en tête depuis le début de sa carrière cinématographique .”90% des scènes du film sont tirées de ma mémoire” comme il le dit dans la...
Bienvenue chez vous
Aucun goût pour la photo, dit la narratrice, aucun goût pour les pèlerinages ni les regrets non plus. Cependant, poussée par son frère qui ne peut l’accompagner, elle place des appareils à photo dans son sac. Puis, dès le pied posé en Algérie, elle se laisse envahir par ses souvenirs ; ou, plutôt, chaque étape du retour dans son pays natal est marquée par une confrontation entre ce qu’elle voit et ce qu’elle a vu, petite fille puis jeune fille, pendant 17 ans. Beaucoup de lieux publics semblent avoir fermé les yeux sur son passé : les hôtels où sa mère autrefois a dansé ont portes et fenêtres...
Exercices de la perte
Après Une histoire familiale de la peur (Grasset, 2006) salué par Paul Auster comme « un livre capital, qui nous fait découvrir l’histoire des Juifs de Pologne sous un jour absolument inédit et insoupçonné », Agata Tuszynska écrit ce journal d’amour et de lutte, durant les mois vécus avec son mari Henryk Dasco, après le diagnostic de cancer du cerveau qui devait emporter ce dernier. « J’ai toujours senti que je devais être prête, prête pour la perte… J’ai toujours su que viendrait le moment où je serais dépouillée de tout…
Cela sonne de manière exotique. Joliment. Glioblastome multiforme, la...
Les Éphémères
Spectacle à la Cartoucherie de Vincennes, printemps 2007. DVD Déjà, à la station de métro Château de Vincennes se joue un étrange ballet. Certains se pressent, portant coussins et bouteilles d’eau, se dirigeant d’un pas sûr vers la navette gratuite. Ce sont les fidèles. D’autres, inquiets cherchent l’autobus 112 qui va à la Cartoucherie, interrogent les passants. L’ouverture des portes se fait une heure avant le spectacle et les places ne sont pas numérotées. L’attente commence sous une bruine tenace et un vent glacial.
Qu’importe ! On sent l’excitation croître parmi les futurs spectateurs. Qu...
Sous le ciel d’Alice
Alice embarque. Et la voici, adossée au bastingage du bateau, écrivant une longue lettre qui n’est autre que le récit de sa vie sous le ciel qu’elle quitte, le ciel lumineux du Liban. Alice est Suisse. Bien des années plus tôt, nantie d’un diplôme de puériculture, elle a répondu à une demande de riches beyrouthins, ravie de quitter une famille, un pays où elle se sent oppressée et dans lequel elle compte bien ne jamais revenir.
Elle découvre un Beyrouth enchanteur, accueillant, multiethnique et multiculturel. Elle ne tarde pas à tomber amoureuse de Joseph, un jeune astrophysicien passionné...
Les Intranquilles
Comment sait-on qu’un film est autobiographique ? C’est plus difficile que pour un livre. À moins que le réalisateur ait utilisé une voix off qui dit « je », on n’a pas de narrateur déclaré.
C’est la question (une des questions…) que je me suis posée en sortant de voir le film de Joachim Lafosse, Les Intranquilles. Ce titre, de l’aveu du cinéaste, ne se réfère pas au Livre de l’intranquillité de Pessoa, mais au récit autobiographique du peintre Gérard Garouste, L’Intranquille.
D’ailleurs le personnage principal du film, Damien (Damien Bonnard), est artiste peintre. C’est l’une des...
Lettre à mon père
Leïla Sebbar adresse, à son père disparu, « cette lettre de l’autre côté de la vie ». Mais elle est navrée de ne pouvoir l’écrire que dans la « seconde langue » de son père, le français, car elle ne sait pas l’arabe. Et de cela, le regret la taraude : « mon pays natal, tu ne me l’as pas transmis en héritage ».
Ce silence du père, mort « en exil », en France, sans les rites funéraires musulmans, et qui toujours répondait à ses questions : « C’est trop tard, ma fille, c’est trop tard », elle essaye de le peupler de toute la vie qu’elle a connue pendant sa jeunesse en Algérie, de tout ce qui lui...
Souvenirs en archipel
Robert Guyon, poète et voyageur
Disparu en mai 2022, le poète Robert Guyon avait été un grand voyageur, ce dont témoigne son récit Carnets de voyage au Chili (1967-1968) déposé à l’APA (APA 2926)
Il a notamment vécu au Mexique, puis en Grèce, à Thessalonique – ce qui lui a inspiré le roman Salonique, mon amour (édité par la Société des écrivains, 2012) – avant de revenir s’installer en France, à Villeurbanne. Aujourd’hui paraît un recueil posthume de souvenirs qu’il a écrits de 2008 à 2011 ; une vingtaine de textes courts, portant fréquemment sur des souvenirs d’enfance, mais aussi sur ses...
Even... en mémoire de Rosa Shabad-Gawronska
N° 10 hors série de la revue Tsafon, octobre 2022 Even...
Une pierre de vie en la mémoire de Rosa Shabad-Gawronska et des orphelins du ghetto de Vilna Site Internet : https://www.tsafon-revue.com/
Muriel Chochois ne pouvait trouver meilleur symbole que cette pierre vive pour introduire son sujet. Il lui a fallu quinze années de travail acharné, de recherche dans des archives internationales, de rencontres de témoins dans une course contre la mort et l’oubli, pour réaliser une enquête exclusive sur une jeune femme rebelle, devenue médecin engagée dans le bien-être des enfants et des mères, qui...
Plutôt nourrir, l’appel d’une éleveuse
Après avoir lu ce livre, vous ne regarderez jamais plus votre tranche de porc de la même façon. Noémie Calais a eu un parcours peu commun : diplômée de grande école, lancée dans une carrière internationale, elle arrête tout à la suite d’un problème de santé, pour élever des porcs noirs dans le Gers. Et elle décide de raconter son histoire mais, hésitante à la perspective d’une autobiographie épistolaire, elle propose d’ajouter à ses lettres et à son journal les commentaires de Clément Osé, un ami auto-proclamé bobo écolo des villes. Là où il se déclare végétarien, elle défend la consommation...