Dès l’ouverture de ces Journées à Marly-le-Roi, Chantal Cambronne, Apaïste, en interprétant une courte pièce autobiographique qu’elle a écrite, nous parle d’un rêve de vie non réalisé émergeant dans sa vie réelle sous la forme d’une Maison abandonnée. Nous discutons ensuite tous ensemble autour de cette histoire, comme si nous analysions un rêve nocturne, dont les différentes scènes nous connectent avec nos propres souvenirs. Ce grand moment d’émotion, mêlant rêves de vie, de nuit et autobiographie, illustre toute la thématique des Journées.
En abordant un sujet aussi vaste que le rêve, nous n’avions en effet pas la prétention d’en faire le tour, ni même de nous pencher en « savants » sur toute sa problématique. Nous souhaitions surtout entendre les Apaïstes eux-mêmes s’exprimer sur leurs rêves de vie et leurs rêves de nuit. Ce qu’ils ont eu le loisir de faire, librement tout au long des Journées, en écrivant sur les grandes feuilles mises à leur disposition des « Je rêve de... », et en déposant leurs récits de rêves nocturnes dans les urnes. Ceux qui ont assisté au dépouillement se souviennent de ce moment chaleureux de lectures intimes d’images venues du tréfonds des âmes prêtées à des voix étrangères. Moment revécu lors de la lecture des contes le samedi soir, un conte n’est-il pas un rêve collectif ?
Une des voix conteuses entendues, celle de Pauline Picquet, s’est éteinte depuis. À travers une exposition et une carte blanche bouleversantes, elle nous a aussi raconté comment l’accident majeur survenu tôt dans sa vie s’est manifesté dans ses rêves, puis comment ces rêves ont influencé sa vie, l’ont aidée et enrichie. Un des plus éloquents témoignages de ces Journées. Les expositions et cartes blanches furent en effet un moyen d’entrer plus profondément dans l’expression de nos rêves.
Nous avions malgré tout besoin d’un fil conducteur de réflexion pour répondre à nos questions : d’abord sur l’interprétation des rêves, Éliane Mittelman nous éclairant sur ce qu’on entendait par là suivant les époques et les lieux ; ensuite sur la façon dont nous les écrivons, finement observée par Annie Pibarot ; enfin sur les formes par lesquelles ils s’expriment et l’usage qu’on en fait dans la littérature, l’art, la psychanalyse, les carnets de voyage.
Pour rester fidèles à notre idée maîtresse de permettre aux Apaïstes de s’exprimer, ceux-ci ont pu participer à la préparation de la table ronde finale, le dimanche après-midi, grâce à des ateliers animés préalablement par les intervenants à cette table ronde.
Retrouvez l’ensemble des contenus de ces journées ainsi que de nombreux autres textes dans le dossier Rêves du n°49 de La Faute à Rousseau.