Le moi et la loi
Sujet ardu, effets inattendus
Une proposition que j’avais faite, qui avait été entendue, avec, malgré tout, un peu de perplexité : comment, à partir d’un sujet aussi ardu, attirer le public, intéresser les adhérents ?
Mais d’où est venue cette proposition ? Je ne suis pas juriste… et j’avoue que je n’avais pas lu les chroniques juridiques de Philippe Lejeune ! Et je n’ai pas non plus été confrontée par mes écrits à de telles questions.
Retour sur l’assemblée générale du 23 mars 2024 : quelques mots griffonnés en biais à la fin de mes notes, « Table ronde juridique en 2025 ».
Mais surtout, un article de presse conservé précieusement : un texte d’Elisabeth Philippe dans la rubrique Littérature de L’Obs du 4 avril 2024, qui affiche en gros caractères un titre choc, un titre terrible : Linhart contre Linhart
Virginie Linhart venait de publier Une sale affaire, analyse méthodique du procès intenté en 2020 par sa mère et son ex-compagnon à la suite de la parution de son livre autobiographique L’Effet maternel. Procès qu’elle a gagné. Le titre de l’article et la question centrale posée par l’autrice, « à qui appartient l’histoire ? » m’ont convaincue de l’urgence pour l’APA de s’emparer de ces questions et de faire évoluer, si nécessaire, notre « cadre juridique » des dons de manuscrits et de leur communication.
La table ronde juridique a donc eu lieu le 15 mars 2025 ! Modérée par Claudine Krishnan, elle réunissait une éditrice spécialisée dans la publication d’écrits autobiographiques, un archiviste membre de l’APA qui a travaillé sur la question juridique, une avocate spécialiste dans le droit d’auteur, et une écrivaine.
Le dossier qui suit est riche des contributions de chaque participant(e) et montre les complémentarités de ce panel et des angles d’approche.
Mais il faut peut-être dire l’inattendu de cette table ronde au sujet ardu. Elle a commencé par un grand moment d’émotion lors de la première intervention, celle de Virginie Linhart, bien que distanciée par la lecture d’un texte, un texte magnifique qui nous disait une histoire d’écriture autobiographique, une histoire de famille, une histoire de souffrance qui ne peut que parler aux Apaïstes.
La richesse de cette table ronde tient tout particulièrement au climat chaleureux qui s’est instauré (le déjeuner partagé y est sans doute pour quelque chose) : écoute et intérêt réciproques, véritables échanges entre les participant(e)s. Échanges qui peut-être vont se poursuivre, comme une dynamique créée par l’APA.
Monique Bauer
La bibliothèque de l’APA
À Ambérieu-en-Bugey, l’APA détient une bibliothèque. Les livres qui la composent ne sont pas des inédits, contrairement aux documents conservés dans les archives. Ce sont des livres publiés, envoyés par des auteur.es, déposants ou non, et des livres de référence d’auteurs reconnus, Philippe Lejeune en tête, dans les domaines qui intéressent l’association.
Consciente de son importance, une équipe s’est constituée pour réfléchir à l’avenir de cette bibliothèque inexploitable, les livres étant rangés sur les étagères au fur et à mesure de leur arrivée, avec un numéro APA non significatif, et il a été décidé de la réorganiser dans les règles de l’art sur la base d’un inventaire, un fichier Excel comprenant environ 676 entrées en janvier 2025.
C’est à partir de ce listing que se sont déroulées les opérations classiques : reprise d’inventaire, élaboration d’un thésaurus simple en vue de la cotation (en Dewey comme disent les initiés...), catalogage, étiquetage enfin. Toutes opérations visant à rendre accessibles les richesses de cette bibliothèque originale.
Il s’agissait en effet d’élaborer une méthode pour que les utilisateurs, notamment les chercheurs venant sur place, puissent trouver un livre sur un sujet donné. Autobiographies, journaux intimes, correspondances, outils d’aide à l’écriture, essais dans ces domaines respectifs, sont les items les plus représentés, et confirment l’originalité et la valeur de cette bibliothèque. En effet, on y trouve l’œuvre (presque) complète de Philippe Lejeune, des articles rares sur les journaux intimes, des ouvrages théoriques qui étayent la continuité contemporaine de la recherche dans ces domaines dont il a ouvert la voie, en même temps qu’ils témoignent de la vivacité de la recherche universitaire. Que dire de correspondances et de journaux, introuvables quoiqu’édités, ou des ouvrages méconnus que les auteurs offrent à l’APA ?
C’est là que le travail de cette équipe trouve toute sa justification en permettant la consultation physique de ces titres. À terme, ce listing, augmenté de mots-clés, sera mis à la disposition des visiteurs par notre chargée de mission pour qu’ils puissent le consulter et trouver les livres recherchés !
Outre ces travaux, nous lançons ici un appel à dons d’ouvrages pour cette bibliothèque spécialisée. Le listing par noms d’auteurs peut vous être communiqué afin que, le cas échéant, vous puissiez donner à l’APA des livres de référence sur les sujets qui nous occupent et qui n’y figurent pas. Merci par avance !
Pour tout contact : levy.martine@orange.fr
Pour le groupe bibliothèque : Martine Lévy et Véronique Leroux-Hugon
Le groupe : Elizabeth Legros Chapuis, Véronique Leroux-Hugon, Martine Lévy, Françoise Manaranche, Christine Moulin, Madeleine Rebaudières, Carole Roche, Malcolm Saunders
Éditorial La bibliothèque de l’APA 3
Ouverture
Page blanche
Sonia Goldie : La panoplie de l’artiste 4
L’événement
Sylvie Jouanny : Maria ou le désir d’autobiographie, un potentiel infini de transformations 7
Le moi et la loi
Monique Bauer : Introduction 11
Table ronde APA
Bernard Massip : L’effet de l’effet 12
Virginie Linhart : Réflexions sur l’écriture autobiographique 14
Florian Gallien : Droit et archives autobiographiques 16
Laurence Santantonios : À la recherche des ayants droit 17
Caroline Simon-Provo : Peut-on toujours dire la vérité ? 19
Lignes rouges Philippe Lejeune : L’atteinte publique à la vie privée 21
Philippe Lejeune : À qui appartient une lettre ? 25
Hélène Gestern : La loi du moi 27
Michel Braud : Journal, vie privée et droits d’auteur 29
Des chemins étroits
Mathieu Simonet : « Le cas échéant », la puissance de trois mots 31
E. Legros Chapuis : En quête d’un improbable procès 33
Le colloque « Dire la vérité » 35
Sylvie Jouanny : La littérature au risque du droit (Emmanuel Carrère) 36
Anne de Marnhac : Respectueusement… 39
Finale
Hélène Gestern : Maurice Garçon, homme de droit 41
Fonds APA Fonds Anne Poiré, présenté par Claudine Krishnan 44
Registre des entrées, de novembre 2024 à mars 2025 56
Frédéric Clamens-Nanni : Femme en titre, mon histoire de seuils 59
Chroniques
V. Leroux-Hugon : Un parcours très balisé (Annette Wieviorka) 61
E. Legros Chapuis : Les années new-yorkaises de Patricia Highsmith 63
Bernard Massip : Derrière les noms, l’Histoire… (Vanessa Springora) 65
Isabelle Valeyre : « Le nom des rues pour m’ancrer quelque part » (Sarah Kofman) 67 V. Leroux-Hugon : Destination Indochine (Claudine Krishnan) 68
Gérald Cahen : À l’écoute de l’essentiel (Emmanuelle Tabet) 70
Denis Dabbadie : Littérature et mauvais garçons (Nicolas Fargues) 72
Vie de l’association
Bernard Massip : Vers des legs au profit de l’APA 73
La Fondation La Poste a trente ans ! 73
Claudine Krishnan : « Journaling » et « bullet journal » 74
Marion Vallée Carecchio : La parole aux déposants 75
Bernard Massip, Monique Bauer, Gilles Alvarez : Récemment disparus 75
V. Leroux-Hugon : Assises de la Biographie 77
E. Legros Chapuis : Auto-archivage et archivage de soi 79
Événements et rencontres en 2025 80
Publications APA 80