Paroles bugistes

L’Association pour l’autobiographie, forte de ses 32 ans, fleuron a mbarrois tant par son unicité que son rayonnement, poursuit son travail de collecte et d’animations pour et autour de l’autobiographie.
De nombreux ouvrages ont déjà fait l’objet de publications à leur initiative, mais aujourd’hui, l’APA a souhaité focaliser ses réflexions et ses recherches autour de son terroir natal, le Bugey. Je suis heureux de voir l’APA apporter un éclairage sur sa région d’origine ! Immanquablement, nous vient en mémoire le proverbe de l’historien Fernand Braudel : « Celui qui ne sait pas d’où il vient ne sait pas où il va ». À travers ce premier ouvrage sur le sujet, ne peut être que constatée l’intention de l’APA d’explorer plus profondément ce tout qui dessine notre territoire dans sa plus grande richesse et diversité.
L’avenir est devant vous, il ne reste plus qu’à le saisir !
L’APA, reconnue de notoriété nationale, voire au-delà de nos frontières hexagonales, a souhaité à travers ce nouveau cahier se recentrer afin de mieux nous faire toucher du doigt les particularités de notre territoire, en explorant les innombrables facettes du Bugey. Je suis particulièrement reconnaissant envers tous les lecteurs bénévoles qui n’ont pas compté leurs heures afin de dénicher, classer, trier tout ce qui a trait au Bugey, au sein d’un fonds APA de plus en plus riche et volumineux.
Tout comme vous tous, j’ai hâte de me plonger dans ces extraits de textes rédigés par nos aïeux. Je suis certain que nombre d’entre eux seront sources d’inspirations futures et qu’ils nous apporteront un éclairage précieux sur la manière de vivre et comprendre le Bugey aujourd’hui. Merci à l’APA pour ce travail rétrospectif afin de tracer le Bugey de demain.
Daniel Fabre Maire d'Ambérieu-en-Bugey

Départ

Un coup de sifflet… on ralentit… on arrive… « Ambérieu-en-Bugey, tout le monde descend ! »
Et wagons postaux d’ouvrir grand leurs portes pour déposer sur les quais de la gare de triage moult cahiers et carnets, correspondances, récits de vie, lettres d’amour, journaux de guerre… Tous ces actes d’écriture qui nous ont aidés à vivre vont entamer ici une seconde existence : ils vont dialoguer les uns avec les autres dans le respect de leur singularité. Ils constitueront de nouvelles archives des vies ordinaires, circulant dans des groupes de lecture. Ils pourront nourrir des « Cahiers de relecture » comme celui que vous avez aujourd’hui entre les mains.
C’était mon rêve. Le rêve d’une démocratie de la lecture et de l’écriture. J’ai découvert en 1988 que c’était réalisable. En Italie, dans un petit village de la province d’Arezzo, le journaliste italien Saverio Tutino avait fondé un prix national d’autobiographie, destiné à alimenter un nouveau type d’archives.
Et cela avait marché.
Mais fallait-il vraiment passer par un concours ? Mettre les vies en concurrence ? J’ai pensé que non. Il suffirait de faire connaître par les médias notre offre de lire, conserver et valoriser tout texte autobiographique qu’on voudrait nous confier. En France, j’ai proposé ce projet à de grandes institutions culturelles ou scientifiques : mais en vain. Small is beautiful : la réponse démocratique est venue d’Ambérieu. En janvier 1990, Chantal Chaveyriat-Dumoulin, bibliothécaire à Lyon, citoyenne d’Ambérieu, m’a communiqué quelques pages du journal de jeune fille de son arrière-grand-mère, Claire Pic (née en 1848). C’était si beau que j’ai demandé à lire l’ensemble (un millier de pages). Il en est sorti deux projets : retrouver tous les journaux de jeunes filles du XIXe siècle, ou presque… (Le Moi des demoiselles, Seuil, 1993) ; et fonder une association loi de 1901 abritée par la commune d’Ambérieu, devenue « ville de l’autobiographie » comme l’annonce fièrement depuis 1999 un panneau routier à son entrée. Et siège peut-être un jour, qui sait, d’une Maison de l’Autobiographie ?
Je me souviens de notre premier soir au Bugey, noté dans mon journal le 27 juin 1992, c’était dans le jardin de Michel Vannet. […] La nuit tombe, nous sommes sept sous les arbres, près des rosiers et des fraisiers, assis autour d’une table couverte des restes du buffet de midi. Michel allume une bougie dans un lampion de verre. Il fait si calme qu’on va peut-être entendre, non pas le grelot criard, mais le double tintement timide, ovale et doré de la sonnette pour les étrangers, annonçant la visite de M. Swann. La « journée de l’autobiographie » a eu lieu. C’était réussi, je crois. Plaisir de faire se connaître entre eux ceux qu’on connaît, c’est une chaîne d’amitiés. On a essayé de s’organiser pour agir […].
Trente-deux ans plus tard, grâce aux volumes du Garde-mémoire, nous pouvons nous et vous offrir, en attendant vos propres dépôts, une promenade autobiographique dans le Bugey revisité. En route !

Philippe Lejeune

Introductions, présentations : p 3

Aux sources de l'APA : p 9

A la campagne : p 13

Cheminots, ouvriers, artisans : p 25

Souvenirs d'enfance : p 34

Promenades et saveurs : p 43

La Seconde Guerre mondiale : p 52

Ambérieu, ville de l'autobiographie : p  68

Et d'autres paroles... : p 74

Lieux de mémoire : p 82

Présence du Bugey dans la littérature : p 87

Notices, index, bibliographies : p 92